Mon premier roadtrip à moto

8 mai 2022 – 13 mai 2022

On dit que la moto est un loisir individualiste. Moi, j’y vois le moyen de rapprocher les gens

Votre humble serviteur

Je ne sais pas si c’est la crise de la quarantaine, la soif de grands espaces, la pression du travail, ou la simple envie de nouvelles expériences, mais c’est décidé, je veux faire un voyage à moto. A partir de là, il reste quelques étapes à franchir.

Nous sommes en Janvier 2022, “post-covid” comme on dit chez nous, et il fait froid, très froid… C’est le moment d’établir un plan:

  1. Organisation avec la famille: c’est pas parce que je veux quelque chose, que je l’aurai forcément. A la maison, on est (au moins) deux à prendre les décisions. Et entre le boulot, les déplacements pro à travers le monde, et les activités des enfants, au final je ne suis pas si souvent à la maison…
  2. Un objectif de road trip: où aller, qui aller voir, et quand?
  3. Une moto en état de rouler: la meule qui me sert de mule, est une Triumph Speed Triple 1 200 RS de 2021. Pas encore 10 kkm, les pneus ont 300 km, et elle braie comme un étalon! Reste à trouver un moyen d’emporter la maison avec moi, parce que c’est pas un utilitaire avec un coffre de 700L.

C’est sur ce truc, qui ressemble à un plan d’action plutôt improbable, que j’ai imaginé mon premier roadtrip. Et quel voyage!


J-Before: The prep!

Il est donc temps de dérouler le plan.

Je vous passe les détails des discussions avec ma femme, qui dans sa perfection m’a accordé sans aucun problème ce nuage de liberté. Elle me comprend, elle trouve ça génial, et elle est d’accord. Donc en janvier, la première étape de mon plan bancal était validée.

La deuxième étape, est pour moi, la plus importante: avoir un but. Qui aller voir, pour faire quelques kilomètres sympa, sans se faire des heures d’autoroute?… Ca y est, j’ai l’idée: il faut que je parte vers le sud (depuis Paris), c’est là qu’est le soleil, et c’est là que sont les amis. Parce que oui, un roadtrip en solitaire, pourquoi pas, mais être seul, ça JAMAIS! Je fais donc la liste: des amis, des filleuls, des témoins, des cousins,… La liste est trop longue, tirons au sort. Les témoins! Enfin ceux qui n’habitent pas à 3 km de la maison (hein Olive). Mais ils sont tous regroupés. “Coïncidence? I think not”. Lyon/Montélimar et environs… Cela ne suffit pas… Ajoutons une petite dose de traversée de la France: je vais aller faire un bisous à ma dernière filleule en date, qui a (presque) le même âge que Timothée, mon petit dernier (4ans), et qui habite à Cognac. Je commence à avoir un trajet qui ressemble à quelque chose.

– C’est bon alors, je peux partir?

– Atta… et tu va les mettre où tes chaussettes? dans une malle scout attachée à ton dos?

– Grrrr…. T’as raison, je peux rien transporter sur cette moto (à part un sac de sable occasionnellement derrière moi).

On arrive donc à la troisième étape, qui implique la mise en œuvre de tout mon avoir faire mécanique: l’ajout de deux sacoches textile, pour stocker tout mon B…azar!

En deux coups de cuiller à pot, c’est monté (et démontable sans outil), je suis prêt.

Donc, ce qui est prévu:

  • Départ le 08/05/2022 de la maison, pour un retour le 13/05/2022 soir
  • Etapes à Cognac, Saint-Flour, Montélimar, Valvignères, Lyon et retour à la maison
  • Plein de gens que j’aime: Héloïse, Caro, Emma, Maman, Raph
  • 2 400km de petites routes uniquement (pas d’autoroute ou de voie rapide)
  • Que du soleil, du soleil et du soleil

Et vous me connaissez: j’ai besoin d’un plan, mais bien entendu, un plan est fait pour ne pas être suivi!


J1 – Departure

08 Mai 2022, 6h du matin

Je m’extirpe difficilement de mon lit… J’ai TRES mal dormi… Excité comme un enfant la veille de Noël, j’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. Mais comme chaque jour, ce sont les premiers pas les plus durs, pour arrivée jusqu’à ma tasse de café. Les enfants dorment, Mayeul dort, je dois partir sans faire de bruit! Heureusement, j’avais tout préparé et tout installé sur la moto avant de partir.

il est 8h00, tout le monde dort encore. J’enfile mes bottes, mon casque et fier destrier…

08 mai 2022, 9h du matin

Premier arrêt. Vous me direz, après 1h de route, je suis déjà loin? Eh ben vous n’avez pas complètement tord, je suis déjà si loin de la maison, mais si proche également… Pas d’autoroute, pas de voie rapide, vous vous rappelez? Donc après 25 minutes derrière un camion poubelle au centre de Versailles, en train de vider et nettoyer les poubelles marché de la veille, je suis au bout d’une heure à Magny-les-Hameaux. Le temps est gris, et il fait à peu près -10 000°c. Je change de gants pour mettre les gants mixte (j’étais parti en gants été sur un excès d’optimisme), j’envois un bisous à ma femme, et enfourche de nouveau fièrement mon fidèle destrier!

Le selfie du départ!

Le temps se réchauffe peu à peu, le ciel se libère, et près d’Orléans et Tours (autrement dit Blois, pour les connaisseurs), je peux enfiler de nouveau mes gants été. Une pause vers midi, au milieu de nulle part, pour manger une barre de céréales, et je continue mon périple. Ben quoi, j’ai pas l’temps de niaiser!

08 Mai 2022, 17h15

Ca y est, première étape réalisée: je suis arrivé à Cognac. C’est l’occasion pour moi de me détendre, après 549 km et près de 8h de trajet par la route.

Trajet du 8 mai: 8h30 pour 550 km

Je retrouve ma famille, (l’un de mes frangins, sa femme et leurs enfants dont ma filleule) que je n’ai pas vu depuis trop longtemps!

L’accueil est, comme toujours sans égal! J’ai le temps de profiter d’Héloise, qui a bien grandi. Elle n’a pas sa langue dans sa poche, et la glace est vite brisée: on joue à la dinette, à la pyramide d’animaux… Amaury me fait visiter la maison, et nous passons une très bonne soirée avec Diane (c’est déjà l’été là-bas!).

La fatigue se fait sentir, on ne se couche pas bien tard. Au programme de demain, départ vers les 10h, après avoir déposé les enfants à l’école et visité l’hôtel d’Amaury: l’hôtel Héritage et son magnifique restaurant La Belle Epoque.


J2 – Heading to Saint-Flour

Un bon café, une douche, un peu d’animation avec les enfants qui vont à l’école, à 8h30 on les dépose, on continue vers l’hôtel, et retour chez Amaury vers 10h. La journée démarre en douceur sous un soleil doux, après une nuit profonde.

09 Mai, 10h00

C’est l’heure du départ. Une bise à Diane et Amaury, je le remercie de m’avoir si bien reçu, et je leur promets que je reviendrai, avec femme et enfants. Direction Saint-Flour: je n’y connais personne, le GPS indique 436km et environ 6h30 par les petites routes. Je n’ai pas voulu initialement aller directement à Montélimar, ayant planifié le trajet du 8 mai avec 8h30 de moto, je me suis dit que cela ferait un peu trop comme enchainement.

Au final, je découvre cette partie du monde (de la France), que je ne connais pas particulièrement. Le Limousin, puis l’Auvergne. L’occasion de croiser de splendides paysages, quelques chauffards qui roulent en se croyant seuls sur la route, des hirondelles (l’oiseau, et le gendarme) et pas une goutte de pluie.

Je suis passé près de grands lieux connus, mais juste près. Pas de grandes villes, pas d’autoroutes…. Quelques petites bourgades dont vous aurez peut-être la référence.

09 mai, 14h18

Une pause, je dois faire une pause. J’ai dû faire 1 000 km depuis le départ, et je viens d’avoir ma première frayeur: à même pas 50 km/h, dans la forêt, un virage à droite mi-ombre et mi-lumière, des cailloux indistinguables avec cette luminosité.

Grosse, mais alors TRES grosse frayeur…

Ce qui devait arriver arriva: je perds l’avant… Je mets un coup de pieds par terre, et arrive à redresser la moto. C’est pas passé loin, il faut que je fasse un break pour souffler… Je m’arrête donc au village suivant: Chamboulive. Je découvre alors que mon casque et ma moto, sont des vrais tombeaux à moustiques…

Finalement, plus de peur que de mal. Après une petite demi-heure de pause, une gorgée d’eau, une barre de céréales, et un coup de fil providentiel d’Hubert (un cousin motard, du type motard sage, très expérimenté, le tout sans aller jusqu’à la sagesse du fou), je remonte sur mes chevaux fougueux.

09 mai, 18h00

Arrivée au stand! Ce soir, je dors dans un petit hôtel sans prétentions en haut de Saint-Flour, et j’en profite pour faire le tour de la ville fortifiée.

09 mai, 19h30

Il est temps de recharger les batteries: dîner au Quinze Cent, petit resto qui paye pas de mine, mais qui est délicieux! C’est le seul resto que j’ai fait, et je ne le regrette pas!

09 mai, 20h30

Extinction des feux, je m’écroule de fatigue…

trajet du 9 mai: 7h50 pour 450 km

J3 – Going to Montélimar?

10 mai, 06h00

Réveil aux aurores. Douche, sac, et… Je ne pars pas. Non pas qu’il fasse trop froid, que je sois trop fatigué, ou que je n’aie pas pris mon café, mais quelque chose ne va pas: Montélimar est à 3h30 de route, et je n’ai pas fait toute cette route pour attendre que Caro rentre chez elle. Je ne suis pas là pour encombrer, donc j’ai dit que j’arriverai vers 19h, je ne peux pas arriver avant, il faut que je trouve une solution… Et si j’allais voir le viaduc de Millau? La boucle est pas bien grande, ça rajoute un peu moins de 3h de route avec un détour de 180km.

Aussitôt dit, aussitôt fait! Direction le Viaduc!

10 mai, 10h15

Pause café, il en faut quand même un dans la journée!

Les petites routes d’Auvergne sont magnifique, et je ne croise personne. Encore une fois, je découvre des petites routes, qui me semblent empruntées par personne, tant elles sont désertes, ainsi que des paysages magnifiques: fortifications, lacs et barrages cachés au fond de petites vallées, forêts de pins, champs de pierres…

10 mai, 11h49

Arrivée au viaduc, enfin sous le viaduc. Car si je veux passer dessus, ou le voir d’en haut, il faut prendre l’autoroute et ça, je n’y suis pas prêt…

Il n’est pas encore midi, mais si je veux aller à Montélimar, c’est un peu moins de 4h par des routes ultra sinueuses. Ca fait encore un peu tôt pour arriver. Et si?

Oui, je vais aller à Apt. Je vais voir où mon beau-frère a commencé son nouveau boulot. Je sais qu’il n’est pas disponible, mais je vais aller y jeter un œil! Je fais même un bout de trajet avec un norvégien à moto, qui se dirige vers Montpellier, sur une vielle Transalp de 1991 surchargée qui semble à bout de souffle.

10 mai, 15h52

Après petites routes, quelques morceaux de départementale surchargée de poids lourds, et même quelques chemins de terre, j’arrive sous un ciel menaçant à Apt. Je traverse le centre ville rapidement, je passe devant l’entreprise de mon beau-frère…

Allez zou! Il me reste encore de la route pour arriver chez Caro & Etienne!

10 mai, 19h37

La route fut longue, et compliquée: épisodes pluvieux, téléphone (GPS) en panne, alors que je suis au milieu de nulle part, panne d’essence en vue…

Ah oui, parce que je vous ai pas dit! C’est bien beau de traverser la France par les petites route, mais je vous mets au défi de trouver un station essence ouverte à moins de 10km quand vous êtes au beau milieu de nulle part, un jour férié comme le 8 mai, ou même un lundi…

Heureusement, encore une fois, plus de peur que de mal. Je détourne mon périple des petites routes, pour retourner vers des départementales un peu moins sinueuses mais un peu plus roulantes, pour trouver une station service, et accélérer le rythme histoire de ne pas débarquer à 22h.

Je suis reçu comme un roi, les enfants sont charmants, Caro est toujours aussi souriante et ça me fait plaisir de partager ce moment avec elle. Ca faisait trop longtemps! Nouveaux projets, nouvelles perspectives, les enfants qui grandissent… le temps passe trop vite!

Encore une fois, après une journée bien chargée, on se couche tôt. Demain, la journée sera plus light, je reste dans le coin. Je m’endors éreinté!

Trajet du 10 mai: 9h30 pour 582 km

J4 – Montélimar, again?

11 mai, 06h30

Réveil, café, douche, départ des enfants à l’école… Bien que chaque jour à un endroit différent, ma routine semble bien rodée. Vers 9h30h, l’heure du départ sonne et c’est sous le soleil que je dois m’esquiver.

Etienne, t’as plus qu’à t’acheter une moto!

Je en vais pas très loin, je vais de l’autre côté de Montélimar, juste après avoir traversé le Rhône, soit environ 20 km. J’ai dû me perdre…

Trajet du 11 mai: 3h pour 170 km
11 mai, 12h30

Arrivée au milieu de nulle part.. C’est comme je l’imaginais: perdu, loin de tout, paysage magnifique, et plein de boules de poil (plus ou moins grandes). C’est l’heure du barbecue, et on profite de ce temps estival pour déjeuner dehors.

On refait le monde, range une palette de viande congelées pour les chiens, on rattrape le temps perdu avec Emma, on se découvre mieux avec David, on partage nos histoire (chasse, moto, chiens, mariage, enfants…). Bref on profite de l’après-midi pour profiter!

David et Emmanuelle ont fait plein de travaux, dans la maison, le jardin, pour les chiens, et ils ont encore plein de projets! Je suis admiratif du travail effectué!

Que c’est bon de revoir ses plus vieux amis!

Encore une fois, je suis reçu comme un prince: ma moto est mise à l’abris, Anaïs me prête sa chambre et le soir, nous dinons d’un sanglier de 8h, dans une sauce faite maison. C’est juste un régal!


J5 – Towards Lyon, but…

12 mai, 08h00

Aujourd’hui, je pars tôt, je dois aller à Lyon dormir chez les Raph. Mais avant, j’ai deux étapes: une pour voir Maman à Grenoble, et une autre pour voir les parents de Thibaud (faute de pouvoir le voir lui même). Evidemment, le tout sans prendre de lignes droites.

Je pars donc aux Aurores, parcourir les montagnes que je ne connais que trop bien et que j’aime tant: le Vercors, le Massif de Belledonne, et la Chartreuse. J’arrive par le premier, enjambe le deuxième pour m’échapper par le troisième.

Passage par Chatillon-en-Diois, le col de Menée (1 457m), La Mure, les Alpes du Grand Serre (col de la morte, 1 368m), Séchilienne, la réserve du Luitel, et Chamrousse (1 750m).

Et descente vers le chalet (pour ceux qui connaissent!)…

12 mai, 12h43

J’y retrouve Maman, le temps d’un café, de lui faire un bisou… Ben oui, qui serait en mesure de passer à 600 km de chez sa Maman chérie sans s’arrêter lui faire un bisou?

Je reprends donc la route, en direction de Lyon. Je dois passer par Saint Hilaire du Touvet pour traverser la Chartreuse et redescendre de l’autre côté pour tirer vers Lyon. Toujours rien que des petites routes, un régal. Jusqu’à ce que la route que je devais emprunter, au dessus de Saint Hilaire soit fermée… Je suis déjà bien haut, je n’ai pas envie de redescendre. Voyez pourquoi!

Du coup, changement de programme: je tire jusqu’à Lyon, en passant par Chambéry. Mais attention, je ne redescends pas, je reste en haut de la Chartreuse!

12 mai, 17h45

Ce petit détour m’aura pris un peu de temps, mais finalement j’arrive à Ecully, sous la pluie, pour partager un moment avec Sylvie et François. Ils n’ont pas changé depuis la Chine, et je prends un peu de leur temps pour partager une bière et un morceau de chocolat. Les années ont passé, nous partageons des photos de famille avant de nous quitter. Une entrevue bien agréable, mais trop courte!

12 mai, 19h40

Je traverse Lyon, au sec cette fois, pour arriver chez les Raphs’. Je n’ai plus l’habitude de cette ville, mais je retrouve très vite mes repères.

Mon vélo est à Lyon comme à la maison!

Je suis accueilli en fanfare par les enfants, et j’ai tant de plaisir à retrouver les parents. Les premiers ont vraiment changé (ils ont bien grandi), tandis que les seconds sont toujours les mêmes (ou presque, ils sont rayonnants). Nous passons encore une fois la soirée à essayer de rattraper le temps perdu… Ce qui est impossible, alors je mémorise cet instant.

Finalement, c’est avec plaisir que je vais me coucher, pas trop tard: demain c’est retour à la maison. Et faire Lyon-Paris par les petites routes, ça promet.

Trajet du 12 mai: 10h53 pour 507 km

J6 – Back home!

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin… Et la bonne nouvelle, c’est que ça marque le début d’une nouvelle bonne chose!

13 mai, 06h30

Réveil, café, douche, école. Ca alors, encore un nouvel endroit et une routine similaire. Coïncidence?

13 mai, 08h00

Ca y est, c’est le départ. Pas grand chose à raconter de croquant, en plus des merveilles que j’ai vues, croisées, rencontrées durant ce périple.

Je suis parti sous les nuages menaçants, qui m’ont suivi pendant toute la traversée du Beaujolais, puis le soleil est arrivé en Bourgogne, la traversée du Morvant était parfaite.

La suite n’est que virages, plaisir et 1 pigeon quand même, qui y aura laissé la vie en arrivant en Ile-de-France.

13 mai, 17h50

Ca y est, arrivé à la maison. Fatigué, mais ravi.

Mes Cailloux me sautent dessus et me souhaitent la bienvenue. Ca, pour un cadeau, c’est un merveilleux cadeau!


Ce voyage, en chiffres

Ce voyage, ça aura été:

  • 6 jours de voyage
  • 14 pleins
  • 0 accident
  • 2 846,35 kilomètres parcourus
  • 0 km d’Autoroute
  • 23 personnes vues
  • 1 clignotant cassé
  • 49h06 passés sur la moto
  • 1 resto
  • Tellement de bonheur

Et pour finir, quelques virages sympa !