Heat the road again!

20 Avril 2023 – 23 Avril 2023

Cette année, j’ajoute deux roues supplémentaires ! Direction le plaisir, le plaisir et le plaisir!


Allez, on continue la crise de la quarantaine! Prêt pour un nouveau départ, une nouvelle monture et une nouvelle aventure, cette année je ne pars pas seul, j’emmène ma deuxième femme. Je suis accompagné de mon cousin Hubert: nounours stéroidé au grand coeur, ou doudou bodybuildé, à vous de choisir. Tout comme sa monture, une Honda 1300 Pan Européan d’une vingtaine d’année, il en impose. Tant par sa stature carrée (aussi large que haut), que par son expérience de motard. C’est grâce à lui que je suis monté sur ma première moto, un CBR 600 noir, en passager, je devais avoir 10 ans, lorsqu’il est passé lors d’un roadtrip chez mes grands parents avec Nicolas. Mon souvenir est que Nicolas avait une conduite (très) sportive, qui m’allait bien ! (contrairement à d’autres cousins qui sont descendus malades de sa monture).

De mon côté, je ne suis qu’un baby motard: moins de 5 ans de permis, une monture qui possède autant de chevaux que puissance de calcul informatique, et je suis en charge de la navigation….

Quoi qu’il en soit, une même passion nous anime, le même pétrole coule dans nos veines.

La préparation

Passé d’une semaine à 4 jours, le trajet n’en reste pas moins ambitieux. Encore une fois, on minimise l’autoroute, et on maximise les petites routes. Si on n’en peut plus, on change de stratégie et on coupe par une voie plus rapide. Un seul objectif: le plaisir!

3 points de bivouac sont trouvés, les dates sont à peu près calées, reste plus qu’à serrer les vis et enfourcher nos pompes à pétrole.

Au menu, 1 800km en 4 jours de voyage:

  • Jour1, trajet vers Belfort
  • Jour 2, trajet vers Grenoble
  • Jour 3, trajet vers Clermont-Ferrand avec une petite surprise sur place
  • Jour 4, retour à Paris

La météo (prévisionnelle), est plutôt mitigée: giboulées de printemps, températures fraîches (8 à 10°c), mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter!


D-Day

Le plein a été fait la veille, mon sac est presque prêt, rendez-vous à 7h chez Hubert pour un petit café. On prend la route à 7h30…. Et comme prévu, rien ne se déroule comme planifié… Pour commencer, un gros bord…el…

4h10 du matin, une alarme sonne à la maison: coupure d’électricité…. Je vais vérifier le disjoncteur (qui est OK), je regarde par la fenêtre: il fait tout noir dehors… Ce n’est pas uniquement coupé chez nous, je retourne me coucher.

Sans succès…

5h00: Réveil matin! Je me lève tant bien que mal, descend me prendre un grand verre d’eau (bah oui, sans électricité, pas de café! Le monde ne peut pas tourner rond dans ces circonstances…) Je me glisse à pas de loup dans la maison dans l’espoir de ne réveiller personne pour finir de me préparer, fermer mon sac, prendre une douche à la lueur de mon téléphone portable, et… Entre mon petit orteil qui s’en prend à mon bureau ou les 3 vols planés de mon téléphone j’ai, je pense, bien réveillé Mayeul…

6h30: Sac bouclé et chargé, j’enfile casque gants, me débrouille pour ouvrir le garage (toujours sans électricité) et c’est le départ! 1ere, 2nde, 3eme, ça pique! 8°c, mais au moins il fait beau!

The Black Beast (Loaded!)

7h00: Première étape à Maisons-Laffitte. Accueil chaleureux d’Hubert, sa femme et leurs enfants. 2 tasses de café plus tard (enfin!), départ pour l’église du village, un ami nous y attend.

7h30: Pour bien faire les choses, on reçoit une bénédiction de l’Abbé Cane: un prêtre jeune motard, qui non sans un trait d’humour très bien placé, bénit nos montures et les ânes qui les pilotent. C’est certain, nous ne serons pas seuls pendant le trajet!

Benediction, check!

7h50: c’est parti, l’aventure commence! On commence par une section citadine, pour rejoindre l’A86. Maisons-Laffitte, Sartrouville, Houilles, Bezons… De la remontée de file, de l’inter-file, et de la conduite pas à pas. Avec les valises, ça rate pas, je touche un rétro. Même pas 1/2h de route et les ennuis commencent. Tant bien que mal, pour éviter de me prendre le camion de devant, je fais un signe de la main gauche en guise d’excuse… Raté, au feu suivant je me prends une chaussure volante sur le casque, le conducteur n’a pas vu mon geste d’excuse. Hubert lui explique, l’affaire est close (et sa chaussure s’est faite écraser par la moitié de la région parisienne, je n’ai pas réussi à la ramasser). Nous montons donc sur l’A86, et entamons le tour de Paris.

Ca roule, ça roule pas… Ca roule, ça roule pas. On entame la remontée de file, mais à vitesse réduite. Hubert ne la pratique plus depuis 20 ans suite à une mauvaise expérience, donc on prend notre temps. On laisse passer les files de motards ou scooters pressé, et on reprend dès que ça se calme.

A Bobigny, la pression est trop forte, on sort de l’A86. On va finir la sortie de l’Ile-de-France par la ville. On passe quelques feux, et on s’arrête, à Rosny Sous Bois. Il est temps de faire le point, sur le GPS, et sur la température de la moto d’Hubert. Tout! Va! Bien! On repart, en ville… Rosny-Sous-Bois, Nogent-Sur-Marne, Champigny-Sur-Marne, on monte sur la N4, on se cale à 120km/h jusqu’à Vaudoy-En-Brie…

Il est environ 10h, on vire à droite en direction de Jouy-le-Châtel. Bien que le ciel soit bleu, la température peine à monter, elle est toujours autour des 8°c… Mais c’est pas grave, devant nous s’ouvre un terrain de jeu! 450km de virages, lignes droites, et giboulées de printemps. Ou pas…

Vous le voyez le sourire, là?

Le GPS, spécial moto, nous fait traverser l’autoroute maintes fois, et la Seine également. D’ailleurs, cela restera notre fil rouge jusqu’à la fin du séjour, chaque cours d’eau, canal, lac, étang ou flaque correspondra à la traversée de la Seine! Dans l’intercom; pour les non initiés, un intercom est un talkie-walkie intégré dans le casque, permettant aux motards de parler entre-eux sans avoir à faire quoi que ce soit. Donc dans l’intercom, Hubert est enjoué. Il surveille d’un oeil la température de sa vieille, et d’un autre, le paysage qui s’offre à nous. Non sans râler dès que l’occasion se présente: “il pue lui! Vas-y double le, il se traine! Holà, il y a des cailloux sur la route, ou est-ce que tu m’emmènes!”

Réponse: “J’en sais rien”. Je connais le point de départ, d’arrivée mais je n’ai aucune idée des directions…

On passe près de Troyes, Langres, Luxeuil-les-Bains, non sans avoir rempli plusieurs fois les réservoirs ou les pilotes, et enfin Belfort. Les petites routes vers l’arrivée nous ont encore plus enjoué pour la suite du périple: petits virages, des montées et descentes ainsi qu’un paysage très varié. Ca sent la montagne, mon terrain favori!

En arrivant à Belfort, nous nous arrêtons pour acheter une petite fleur pour Anais et Enguerrand, qui nous reçoivent ce soir. A l’arrivée, l’accueil est chaleureux, familial, et particulièrement attentionné. Nos hôtes nous emmènent visiter la vieille ville, grimper au pieds du Lion, et boire une bière en terrasse malgré le frais, accompagnée d’un saucisson et d’une flammekueche.

Belfort with the family!

De retour chez nos hôtes, le diner est à la fois copieux et délicieux! On se croirait au resto: soupe aux champignons en entrée, puis spatzle alsaciennes accompagnées de fleischschnacka (roulés alsaciens à la viande), salade, et une ribambelle de desserts: clafoutis, gâteau au chocolat (et j’en oublie, il y avait au moins 5 desserts!).

La soirée se termine au doux son des voix des enfants, qui sont aussi bons musiciens que leur père!

Il est tard, c’est l’heure d’aller se coucher. Merci pour ce bon moment passé, aussi doux qu’à la maison, cocoonés et dorlotés comme des enfants (je rigole pas, on est partis le lendemain avec un sac de gouter pour la route! Merci Anais!).

Minuit passé, on va donc se coucher, dans un lit superposé. Hubert en haut, moi en bas, ça craque pas! J’ai même pas le temps d’éteindre, Hubert s’endort et ronfle déjà.

Bilan de la journée: environ 500km en environ 8h30.

J2: La pluie ou les virages

Mon réveil sonne à 6h, pour un départ prévu vers 8h. J’éteins mon réveil, Hubert ronfle toujours. Avant tout, un café, et un café! Je croise Enguerrand qui part très tôt au boulot, à 7h15, à pieds!

Une douche plus tard, les sacs serrés sur les motos, et nos gouters dans les valises, c’est le grand départ! Avec 4°c, on ne prend pas de risques, on mets les pantalons d’hiver. Et en plus, le temps ne parait pas très avenant. Direction Grenoble, par la route des écoliers!

Le départ se fait à la fraîche, et sous un ciel nuageux, mais toujours plein d’enthousiasme. Hubert fanfaronne dans l’intecom, et râle toujours pour le moindre trous sur la route, ou à la moindre goutte de pluie. Du coup, on tourne en rond (c’est prévu) dans les alentours du Territoire de Belfort, puis vers le Doubs, et enfin en direction du Jura.

Toutes les 2h, la pause s’impose!

pause
Pont du Diable (Jura)
Je me suis marié pas loin!

Le déjeuner rapide, s’improvise à la limite de l’Ain et de la Savoie, à Bellegarde-sur-Valserine entre deux averses, après avoir fait le plein. En effet, avant le repas, nous nous sommes pris quelques averses. En conséquences, ralentissement du rythme, augmentation de la concentration, voire de la crispation (rouler sous la pluie, ça glisse), et enfin une température corporelle qui peine à se stabiliser. Heureusement, derrière les bosses jurassiennes, il y a le soleil qui semble surplomber la Chartreuse.

La reprise se fait à un rythme plus soutenu: on est sur de la bonne départementale, la route est sèche, et là-bas, au loin, il y a du soleil! Allons l’attraper, gaz en grand!

Enfin, on commence à voir de vraies montagnes et le thermomètre commence à monter sérieusement vers Chambéry. A tel point, que vers 15h on enlève les surpantalons. En plus, on arrive sur mon terrain de jeu: on va traverser la Chartreuse! Les petites routes deviennent de plus en plus sinueuses, et nous croisons de moins en moins de véhicules. L’angle dans les virages commence à s’accentuer, mais Hubert fatigue aussi un peu. Finissons la journée tranquillement, ne nous mettons pas au tas, il n’y a pas d’enjeu! La montée de la Chartreuse se fait avec un grand plaisir, dans des conditions idéales, jusqu’à 5km du col du Cocq, qui est fermé! Hubert a encore le plaisir de râler, parce qu’il faut faire demi-tour. S’il râle, c’est qu’il va bien! passons par le col de Porte, pour redescendre sur le Sappey-en-Chartreuse, puis Corenc, non sans faire une pause pour admirer le point de vue sur Grenoble.

Grenoble

On arrive enfin à Grenoble, chez Maman. L’accueil reste comme à son habitude, royal. Nous avons un tapis rouge: bière d’accueil, chambre séparées, apéro, dîner digne d’un grand chef! Nous passons une excellente soirée avec d’un côté la vue sur la montagne, et de l’autre un lit bien douillet.

Au final, on a fait environ 450km en 7h50, en passant au plus bas à 217m d’altitude, pour culminer à 1331m au col de Porte en Chartreuse.


J3: Toujours en avant?

Ce matin, le réveil est très matinal, car nous avons de la route! Comme toujours, le départ est difficile, car on a toujours envie de rester un peu plus!

Chargement en cours….

Le programme est chargé aujourd’hui: direction Clermont, pour aller faire une ballade arrivés sur place. Mais comme à notre habitude, pas d’autoroute!

Départ de Grenoble vers 8h, sous un ciel mitigé, en direction du Vercors. La montée vers Villard-de-Lans, se fait accompagnée de deux italiens venus également chercher des sensations. Rapidement, je passe devant eux et perds la communication avec Hubert, qui à son rythme me rejoint en haut. Le plateau est magnifique, malgré la luminosité, sachant que le meilleur reste à venir! La descente vers Pont-en-Royans se fait par la route des Gorges de la Bourne, route taillée directement dans la montagne, suivant un petit cours d’eau. Les tunnels son des trous brutes dans la roche, les virages sont à l’aveugle, à droite une paroi, à gauche une falaise avec un petit parapet en béton… On ne peut pas se croiser sur la majorité du chemin, c’est juste magnifique!

S’ensuit la traversée de la Drome, la traversée de l’A7, toujours par les petites routes, en chassant les rayons de soleil. Remontée vers Saint-Etienne, et finalement on se rapproche de Clermont-Ferrand, ainsi que de la pluie…

A 50km de l’arrivée, c’est le déluge! Il pleut, il pleut, et il pleut! Mais nous arrivons tant bien que mal à bon port, et nous sommes accueillis par Carine, une sacré Harleyeuse! Un gommard large comme la Seine, un bruit équivalent à un A380 dans un salon, et un pilotage qui n’a pas son équivalent dans le monde de. la course sur route ouverte. La pluie ne l’arrête pas avec son couple de tracteur! Mais des images valent mieux qu’un long discours, que vous n’entendrez de toute façon pas, tant son vélo fait de bruit (ça doit être le morceau de carton dans les rayons).

Le silencieux est dévissé?

Au final, ça fit beaucoup de bruit, mais la pilote avance pas ma et a un bon coup de gaz!

Ca avance pas mal quand même!

La soirée se continue chez Carine, en présence de sa fille et de ses chats autour d’un bonne pizza. Contrairement à nous, elle a grandi dans un univers de motards, et a donc mille et unes anecdotes à nous raconter, comme notamment la fois ou elle a plié sa moto lors d’un coupage de route en règle par une voiture…

La soirée se termine à l’hôtel de Carine, qui nous l’a ouvert rien que pour nous. Nous avons une chambre à nous partager, c’est royal! Hubert, avant d’éteindre me dit que demain il préfèrerait un peu mois de virages, et un peu plus de lignes droites car il fatigue. Pas de problème, on s’adapte!

Je lance Cali Moto et retrace le trajet, avec quelques étapes pour déjeuner ou faire le plein. On va commencer par du sinueux, puis du tout droit, l’objectif étant de ne pas se faire rattraper par le mauvais temps. Mais tant qu’à faire, on évite l’autoroute!

Extinction des feux, enfin je crois, je me souviens plus!

J4: We’ll be back!

Aujourd’hui, c’est the last day… Réveil plus facile que prévu! Le petit café du matin est en compagnie de Carine, qui nous a vraiment reçue comme des princes!

Départ 8h…. 30!… 45! Ce matin ça veut pas, le GPS ne veut pas rentrer à la maison! Mais finalement, avant la pluie, tout se lance comme il faut. On enfourche nos montures, on fait une bise à notre hôte, et c’est parti!

Le ciel est gris, mais il ne fait pas froid, et il n’y a pas franchement de pluie. Nous découvrons plein de petits patelins que nous traversons, aux environs de Clermont, en direction de Bourges. Et encore une fois, il n’y a personne sur les routes… C’est vrai, on est dimanche matin, il ne fait pas super beau, mais nous n’avons croisé que très peu de monde sur notre parcours depuis le début du voyage. Nous démarrons donc calmement, la route est humide et la pluie est proche. Les paysages sont vallonnés, très verts, et on bien.

Au détour d’un croisement, nous croisons au milieu de nulle part, un bonhomme avec un gilet jaune. Puis 200m plus loin, un autre, puis 500m plus loin encore un… et nous tombons sur ? une course de chevaux. Ils ont tout compris! Il s’agit d’une course (type raid) dans la campagne à cheval, pour une boucle de 80km. Nous arrêtons donc nos moteurs, et discutons un peu avec les organisateurs avant de repartir, en restant prudents: un cheval c’est plus gros qu’une moto!

La route se droitifie, et nous avons de moins en moins de virages. Le rythme augmente un peu, mais restons prudents, le ciel reste voilé et au milieu de la nature, on ne sais jamais qui on va croiser (petit ou gros gibier, poulet, poulets voir des hirondelles…).

Vers midi, la pause s’impose. Ayant esquivé les gouttes à peu près jusque-là, on va profiter de l’apparition du soleil pour se restaurer à proximité de Bourges dans une boulangerie en pleine promos sur les spécialités bretonnes (ne me demandez pas pourquoi!). Un sandwich et un café et on repart.

Jusque-là tout va bien!

Jusqu’à Orléans, tout va bien, la suite se complique un peu: le vent s’est levé, et rien ne protège la route. C’est donc à 45° que nous filons à travers les rafales sur les 100 derniers kilomètres. Sans se mentir, on était contents d’arriver en région parisienne. Le vent était éprouvant, et au delà de la concentration et de l’attention nécessaire sur la route, il provoque une crispation qui fatigue rapidement.

15h15, on sort de l’A13 à la Celle-Saint-Cloud, pour se dire au revoir. C’est ici que nos routes se séparent, même si elle ne vont pas bien loin à partir de là.

Arrivés. Bien arrivés!

Merci à toutes celles et ceux qui se sont pliés en 4 pour nous recevoir, nous restaurer, nous divertir et nous loger.

Merci Hubert de m’avoir accompagné dans cette épique épopée, et d’avoir partagé cette tranche de vie avec moi. On se refait ça quand tu veux, et garde à l’esprit que le plus dur, c’est toujours le 3ème jour ;).

Bises à vous et V à tous!